Vos altesses,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame la Présidente de la Commission permanente,
Madame la Présidente du Comité international de la Croix-Rouge,
Madame la Présidente de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge,
Mesdames et Messieurs les représentants des gouvernements et des Sociétés nationales,
Excellences,
Signore e signori

Benvenuti a Ginevra!

Je vous souhaite la bienvenue à Genève, cette ville qui est aussi votre capitale : celle des Conventions qui portent son nom et qui guident notre engagement au sein du Mouvement.

Nous nous retrouvons 5 ans après le dernière conférence, dans un contexte international alarmant, marqué par plus de 120 conflits armés en cours dans le monde. Avec des conséquences dramatiques pour les millions de civils, qui comptent sur nous pour alléger leurs souffrances.

Cette 34ème Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge que j’ai l’honneur d’ouvrir ici devra aborder les défis, les priorités et l’impact du Mouvement dans un environnement humanitaire complexe.

Complexe, car aux conflits armés viennent s’ajouter d’autres facteurs aggravants, comme le changement climatique, les migrations, les épidémies et les deep fakes, qui alimentent les tensions au risque de déclencher de nouvelles violences.
J'y ajouterais également d’autre facteurs, comme les nouvelles technologies issues de la convergence des sciences, du numérique au biologique. Leur impact sur la performance humaine, y compris celle des soldats, brouille de plus en plus la frontière entre réalité et fiction.

Cette dynamique entraîne de nouvelles menaces pour les civils, comme je l'ai rapporté au Conseil de sécurité de l'ONU le 21 octobre à New York.
Les nouvelles technologies de guerre ont également étés abordées lors de notre conférence de 2019.
Ces défis sont à la fois la cause et la conséquence de crises interconnectées, dont l'ampleur et la gravité ne cessent de croître.

Mesdames et Messieurs

« Gérer l’incertitude et renforcer l’humanité » est le thème posé par cette 34ème Conférence internationale.
Le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se distingue par son rayonnement universel, dont le but est de renforcer l'humanité.
C'est notre point de repère stable dans une communauté internationale en proie à l'instabilité.
Grâce à la solidité de ses racines, constituées par les Sociétés nationales, l’apport de notre Mouvement à l’action humanitaire reste sans égal.

Je salue alors le travail essentiel de vous toutes et tous - collaboratrices et collaborateurs, volontaires ou professionnels - ainsi que de vos sociétés sur le terrain, qu'il s'agisse d'aider les populations locales ou de coopérer avec les autorités.

Le réseau fait la force : j'en suis convaincu ! - dans toutes nos missions.

Grâce à notre engagement sur le terrain et à notre action politique dans les enceintes multilatérales, la Suisse s’adapte également aux défis humanitaires actuels, aux côtés des Sociétés nationales, de la Fédération internationale et du CICR.
L’action de mon Pays s’inscrit pleinement dans les trois piliers proposés pour cette 34ème Conférence internationale :

Le respect du droit international humanitaire
En tant que dépositaire des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels, la Suisse a une grande responsabilité pour garantir le respect du droit international humanitaire.
Cet été, à l’occasion des 75 ans des Conventions de Genève de 1949, j’ai appelé la communauté internationale à hisser le DIH au rang de priorité politique.
Mais les mots seuls ne suffisent pas ! Ils doivent être accompagnés d'actions concrètes pour assurer une application rigoureuse du droit international humanitaire (DIH). Les décisions et l'engagement des Nations sont essentiels.
C'est pourquoi le gouvernement suisse a récemment fait le point sur la mise en œuvre du DIH en Suisse et a approuvé son deuxième rapport.

Permettez-moi d’être clair :

Assumons nos responsabilités et agissons en accord avec nos paroles.
Donnons l'exemple en disant ce que nous faisons et en faisant ce que nous disons !

Les besoins et les risques humanitaires
Alors que des millions de personnes ont besoin de protection, le personnel humanitaire fait face à des menaces croissantes, voire à des attaques ciblées. C’est inadmissible !

Mesdames et Messieurs,

Vous méritez non seulement notre respect, mais aussi notre protection :
En mai dernier, la Suisse a présenté la résolution 2730 du Conseil de sécurité, visant à protéger le personnel humanitaire et celui de l'ONU.
Adoptée avec le soutien de 98 États membres, cette résolution représente une percée majeure de volonté face à l’indifférence, voire à l'inacceptable.

L’action locale durable
La Suisse place l'être humain, avec ses forces, ses faiblesses et son aspiration à la paix, au centre de sa stratégie.
Elle l’encourage à s’engager dans les institutions et les réseaux de soutien, et à renforcer sa collaboration entre les acteurs humanitaires.
Je suis persuadé que seule une approche inclusive et locale aura un impact durable de la sécurité et de la paix.

Chères Participantes et Participants

En tant que Ministre des Affaires étrangères, je reconnais combien votre expertise est essentielle pour mieux répondre aux besoins des victimes de conflits et de catastrophes.

Je vous remercie sincèrement pour le travail immense que vous accomplissez, souvent dans des conditions difficiles et parfois au péril de votre vie. Votre présence sur le terrain est la plus noble expression de nos actions en coulisses.

L'histoire nous montre que rien n'est jamais acquis: ni les droits fondamentaux, ni la paix. Elle se répète et nous le rappelle constamment, malheureusement !

Mesdames et messieurs

Le pire n’est que rarement une simple fatalité !

Rappelez-vous d'Henry Dunant ? Il y a 160 ans, il a initié la première Convention de Genève et fondé le Comité international de la Croix-Rouge après la bataille de Solférino. Aurait-il pu imaginer que son rêve devienne une réalité qui perdure désormais depuis près de deux siècles ?
Pensez aussi à nos prédécesseurs, qui, il y a 75 ans, ont su bâtir de l’espoir sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, donnant naissance aux quatre Convention de Genève de 1949 !

Tout ceci semblait être impossible, mais - et je cite Albert Einstein, alors qu’il était fonctionnaire de la Confédération suisse :
"Une chose est impossible jusqu'à ce qu'un ignorant, qui ne le sait pas, vienne et la réalise."
Aujourd'hui, comme dans les heures sombres du passé, nous avons besoin de ceux « qui ignorent l'impossible » et du courage de chacun pour se rassembler autour de principes humains, au-delà de tout clivage idéologique.

Sommes-nous encore capables de ces élans ?

Pour ma part, je suis convaincu que nos valeurs humanitaires communes constituent un langage universel capable de rassembler les citoyens et les nations, au-delà des différences.

C’est dans cet esprit que je vous souhaite une excellente 34ème Conférence internationale.
Puisse la force et l’universalité du Mouvement, alliées à l'Esprit de Genève qui nous réunit ici, nous permettre de faire un pas en avant vers un monde plus humain.

Je vous remercie.

« Gérer l’incertitude – renforcer l’humanité »